bourru, ue
- 1Qui n'est pas dégrossi, qui est comme plein de bourre.
Il le lisait lui-même neuf ou dix fois, et y faisait des marques avec un crayon ; puis, en ayant tiré des explications bourrues, il les dictait à Audebert qui les écrivait sous lui
. [Francion] Vieux en ce sens.Moine bourru, fantôme, revenant qui était un objet de superstition. Ce fantôme était ainsi dénommé, parce qu'on se le représentait vêtu de bourre ou bure.
Moine bourru dont on se moque, à Paris l'effroi des enfants, Esprits bourbeux, je vous invoque
. le Cabinet satyrique, 1633, p. 156]Je le vois, il me voit, et demande étonné Si le moine bourru m'avait point promené
. [Régnier, Satires]Heureux temps, heureuse saison, Où n'était porte ni cloison, Moine bourru ni loup garou
. [D'assoucy, Ovide travesti, 1668, in-12, p. 11]Fig. Un moine bourru, un homme brusque.
Terme de graveur. Hachure bourrue, hachure boueuse.
Vin bourru, vin blanc nouveau qui se conserve doux dans le tonneau pendant quelque temps.
- 2Qui est d'une humeur brusque et chagrine.
Dieu m'a créé bourru, bourru je dois vivre et mourir
. [Courier, Let. II, 91]Substantivement. Un bourru, un homme d'un caractère bourru. Un bourru bienfaisant, homme qui, avec des manières rudes, ne laisse pas d'avoir un coeur bienveillant.
- 3 nm Terme de maçonnerie. Moellon ou pierre dont on s'est contenté d'enlever le bousin.
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BOURRU. - REM. Bourru a eu le sens de bizarre, singulier, et s'est appliqué ainsi aux choses mêmes. Ce sonnet est bourru, si jamais il en fut
. [Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.] Imagination bourrue
. [Malherbe, ib.] C'est une comédie de votre part [persécution dirigée contre les protestants par des hommes sans religion], et une tragédie pour nous qui souffrons ; et il résulte de tout cela quelque chose de fort fâcheux, et en même temps de fort bourru
. [Bayle, La France toute catholique.]
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